
Le temps : la perception du temps est sans doute ce qui change le plus lorsque l’on passe de la vie active à la vie de retraité. Jusqu’à présent, le travail structurait notre temps, rythmait le cours de nos journées, de nos années, désignait les périodes de repos et de vacances. À la retraite, nous passons d’un temps imposé à un temps choisi mais ce temps libre auquel nous ne sommes pas habitués peut être source d’angoisse, d’ennui ou d’oisiveté.
Comme décrit précédemment dans les catégories de transitions, bon nombre de retraités s’empressent de reproduire les cadences de leur vie professionnelle, parfois parce qu’ils sont réellement motivés par des nouvelles occupations mais parfois aussi pour combler le vide du temps libre et toutes les angoisses qui y sont liées.
Il faut dire que nous n’avons jamais appris à gérer nous-mêmes notre temps. Dès notre plus jeune âge, nous sommes confrontés à des contraintes et des impératifs, comme l’école et le travail, qui conditionnent notre emploi du temps. C’est seulement à la soixantaine que la problématique de la gestion du temps se pose réellement et de façon durable. La retraite correspond désormais à un quart de la vie. C’est une période faite de nouveaux projets et de nouvelles activités librement choisies et, pour avoir une vie épanouie, ce temps et les activités que nous allons choisir pour le combler doivent avoir un sens : le sens que nous voulons donner à notre nouvelle vie. Remplir ce vide, c’est devenir maitre de son temps.
Aujourd’hui, c’est un vide de quasiment 10 heures par jour que laisse l’absence de travail. Même si la grande majorité des retraités apprécie ce temps libre et trouve relativement facilement comment l’occuper de façon satisfaisante, pour certains cela nécessite une période d’adaptation plus ou moins longue, le temps de clarifier leurs projets.
En matière de gestion du temps, Il n’existe pas de bonne ou de mauvaise gestion du temps ; il en existe autant qu’il y a d’individus.
Quelques conseils d’ordre général sur le TEMPS :
- Essayez de structurer votre temps en vous imposant une activité ou des horaires réguliers et en planifiant à l’avance votre journée ou votre semaine. Structurer son temps, c’est avant tout avoir des activités et pour les plus actifs d’entre vous, définir des priorités. Attention, laissez toujours une place à l’imprévu. N’hésitez pas à intégrer dans votre emploi du temps, un jour de repos où vous ne prévoyez rien.
- Établissez une hiérarchie dans vos projets, seul ou à plusieurs. Pour un bon équilibre de vie, il est bon à tout âge d’avoir des projets à court, moyen et long terme. Cela demande que vous fassiez le point sur vos véritables besoins et intérêts et il se peut que vos désirs et besoins aient évolué par rapport à ce que vous envisagiez pour votre retraite. Dans ce cas, pas de regret, lancez-vous dans ce qui vous correspond aujourd’hui.
- Posez-vous la question de ce qu’est pour vous une journée réussie ? Est-ce avoir beaucoup de monde autour de vous ? Avoir pu vous rendre utile ? Avoir appris quelque chose de nouveau ? Etc. La réponse vous aidera à vous orienter parmi les différentes possibilités qui s’offrent à vous.
- Agissez pour construire votre avenir plutôt que de vous laisser guider par les opportunités ou les sollicitations extérieures. L’important c’est d’être décisionnaire et d’occuper votre temps de façon à ce qu’il ait un sens. Si, par exemple, vous gardez vos petits-enfants de façon régulière, faites le parce que cela vous fait plaisir et non parce que vos enfants vous l’imposent.
- Gardez du temps pour vous, du temps pour ne rien faire et ne culpabilisez pas ! Si vous êtes un fanatique de travail, il vous faudra apprendre à ralentir. Essayer d’inclure dans votre planning des petites pauses que vous saurez de plus en plus apprécier.
Passer d’un temps imposé à un temps choisi est un apprentissage qui demande du temps. On peut s’accorder une ou deux années sabbatiques avant de structurer sa retraite mais il faudra le faire à un moment.
L’espace : L’espace d’habitation devient le principal espace de vie en lieu et place de celui du travail. Selon que votre conjoint(e) est retraité(e) ou prendra sa retraite après vous, de nouvelles habitudes vont s’instaurer. Chacun devra trouver sa nouvelle place.
De ce fait des tensions dans le couple ne sont pas à exclure. Cette « cohabitation forcée » est souvent moins bien vécue par l’homme que par la femme qui, elle, a su garder une plus grande intimité avec le foyer pendant sa période d’activité. Quelquefois, la retraite des deux conjoints nécessite un réel « partage du territoire » où chacun pourra s’adonner librement à ses occupations.
La question du changement de domicile peut se poser au moment du départ à la retraite. Déménager près de son ancien lieu d’habitation parce que la surface est devenue trop grande maintenant que les enfants sont partis mais il peut aussi s’agir d’un éloignement, d’un déménagement dans sa région d'origine ou dans un pays étranger.
Quelques questions à se poser et conseils sur l’ESPACE :
Avant de vous lancer dans un changement de domicile, nous vous conseillons de bien analyser les tenants et les aboutissants. Qu’est-ce qui vous lie encore à cette région ? Y avez-vous encore des amis, de la famille ? Ne risquez-vous pas de vous isoler ? Il n’est pas rare de voir des retraités partis s’installer dans une autre région revenir au bout de quelques années parce qu’ils ne s'y sont pas plu ou qu’ils n’ont pas réussi à s’intégrer dans leur nouvel environnement.
Attention aux destinations que l’on affectionne pendant les vacances et où on pense qu’il serait agréable de vivre une fois à la retraite. Certaines villes, de bord de mer particulièrement vivantes et animées pendant l’été peuvent se révéler désertiques et déprimantes le reste de l’année.
Changer de lieu de vie une fois à la retraite est toujours plus facile lorsqu’on en a déjà l’habitude, par exemple pour les personnes qui ont connu de nombreuses mutations au cours de leur vie professionnelle. Elle peut s’avérer beaucoup plus difficile, voire impossible, pour ceux qui ont passé toute leur vie au même endroit car la perte de repères sera plus importante. Mais ces propos doivent être relativisés car la bonne intégration dépendra surtout de la capacité de socialisation de chacun.
Quelle que soit la raison qui vous fait changer de lieu de domicile, soyez toujours vigilant et pensez à vos vieux jours. Si c’est une nouvelle maison, préférez-la de plain-pied, si c’est un nouvel appartement évitez les étages trop élevés s’il n’y a pas d’ascenseur.
Enfin, pour clore cette partie, un petit mot sur le dépaysement. À la retraite, essayez tant que possible de mettre un peu de dépaysement dans votre vie, seul(e), avec votre conjoint ou avec vos amis. Il ne s’agit pas de vous rendre dans des lieux exotiques à l’autre bout du monde mais juste d’avoir la curiosité d’aller voir ce qui se passe près de chez vous et de découvrir votre région comme vous n’avez peut-être jamais eu le temps de le faire. Combien de parisiens, par exemple, ne sont jamais montés à la Tour Eiffel ?