
La plupart des retraités désirent rester chez eux le plus longtemps possible. Des aides se sont d’ailleurs développées dans ce sens, comme nous le verrons dans la partie de cette brochure consacrée aux finances.
Pourtant, en parallèle, on assiste aujourd’hui à une nouvelle tendance qui consiste à se regrouper pour vivre ensemble. Loin de la maison de retraite médicalisée destinée aux personnes en perte d’autonomie, ces nouveaux types d’habitat s’adressent aux personnes plus jeunes, autonomes mais soucieuses de se simplifier la vie. Les aménagements et les règlements de copropriété sont adaptés à la quiétude des résidents. Il s’agit des villages seniors et des résidences seniors avec services.
Inspiré des « Sun-cities » américaines qui existent depuis près de 50 ans et se sont développées dans les années 90, le modèle français est tout de même loin de ressembler au modèle américain. En effet, pour les seniors américains, il s’agit de créer des lieux de vie qui leur soient exclusivement réservés et préservés du monde extérieur par des hauts murs, des codes d’entrée et des gardiens qui ne laissent entrer les visiteurs que s’ils ont été informés de la visite et où la loi interne dictée par les associations de copropriétaires prime sur la loi fédérale. C’est incontestablement une forme de socialisation par l’exclusion mais elle semble tout à fait convenir à une certaine catégorie de riches américains. La « Sun-city » de Phœnix en Arizona est aujourd’hui une ville de plus de 40 000 habitants avec ses boutiques, ses restaurants, ses terrains de golf, ses piscines, etc.
En France, les villages et résidences seniors répondent davantage à un besoin :
- d’habitat plus adapté. Les maisons sont de plain-pied, sans cave ni grenier. Les logements sont équipés de façon fonctionnelle (cuisines aménagées, larges portes pouvant permettre le passage d’un fauteuil roulant, douches sans marche, etc.). Les résidents peuvent profiter des jardins ou des espaces verts sans en assumer l’entretien, etc.
- de convivialité. En plus des espaces privés, il y a des espaces communs qui varient d’un village ou d’une résidence à l’autre. Il peut s’agir de salles de restauration, de bibliothèques, de bars, d’équipements sportifs, de piscines, etc.
- de services. Eux aussi varient en fonction du lieu. Il peut s’agir de cours de sport, de sorties organisées, de transport pour aller faire les courses, aller chez le médecin, etc.
- de sécurité. Les villages et résidences disposent de gardiens que l’on peut appeler jour et nuit en cas de problème.
Ces nouvelles formes d’habitat répondent à certains critères : localisation de qualité, environnement culturel, proches des commerces, des services médicaux, des transports, etc. Les animaux y sont admis et on peut y recevoir des visiteurs. La France compte aujourd’hui 250 résidences et villages seniors soit moins de 20 000 places mais c’est un concept qui plait car le taux de remplissage est d’environ 95 %.
Les villages seniors existent depuis une dizaine d’année. Ils sont surtout situés dans le sud de la France et accueillent une population qui vient essentiellement du nord de la Loire. Les résidents sont majoritairement propriétaires de leurs maisons où ils se sont installés en couple au moment de leur retraite. Ils ont des revenus supérieurs à la moyenne des retraités.
Les résidences séniors sont situées en ville ou à proximité d’un village. Les résidents sont souvent plus âgés que dans les villages seniors et les résidences proches de leurs anciens lieux d’habitation ou de l’habitation de leurs enfants. 90 % sont locataires, ce qui leur permet de louer leur ancien logement s’ils en étaient propriétaires. Les résidences seniors intéressent souvent les retraités qui ont perdu un conjoint et craignent l’isolement. Il y a près de 70 % de femmes seules, 10 % d’hommes seuls et seulement 20 % de couples. Chaque résidence dispose d’appartements privés avec cuisine et salle de bain et de lieux de vie communs. Ce nouveau type d’habitat connait un fort développement dans les villes car, longtemps haut de gamme, le marché s’est élargi vers la gamme moyenne et les loyers ont beaucoup baissé.
Investir dans un village ou une résidence senior permet de bénéficier d’un régime fiscal intéressant. Des aides sont également possible pour les résidents locataires.
L’habitat groupé peut aussi constituer une autre façon de vivre ensemble et répondre aux difficultés de logement, à la précarité des revenus et à la montée de l’isolement chez les personnes vieillissantes. Comme dans les résidences seniors, l’habitat groupé peut se résumer par « chacun chez soi mais ensemble ». Toutefois, le regroupement ne concerne pas que des seniors mais il a, au contraire, un objectif multigénérationnel. La philosophie de ce type d’habitat est d’optimiser l’espace, de mutualiser les efforts et les ressources et de proposer un autre mode de vie, à contrepied de l’individualisme dominant.
Mais ce nouveau type d’habitat, plus écologique, solidaire, accessible et mieux adapté ou adaptable aux besoins, n’est pas encore modélisé bien que des expériences soient tentées un peu partout sur le territoire. Il demande un partenariat entre trois entités qui doivent modifier leur façon de faire ou de penser ; le citoyen qui doit davantage être un acteur qu’un consommateur ; les collectivités locales qui doivent créer l’espace où ces projets se développent et les professionnels qui doivent tenir compte de la présence inhabituelle et déterminante des futurs usagers dans la création du projet.