
L’entrée dans la retraite correspond à la fin d’une période, c’est un moment de confusion qui demande une réadaptation pour un nouveau départ.
Comme depuis la naissance, l’inégalité des chances continue. Selon son histoire, sa situation familiale, son vécu, son aspect physique, son état de santé, son caractère, ses ressources … chacun franchira plus ou moins bien les difficultés rencontrées et vivra plus ou moins bien cette transition.
On peut, toutefois, répertorier des éléments favorables ou défavorables à la réussite du passage à la retraite.
C’est ce que nous avons essayé de résumer dans le tableau (cf. ci-dessous).
ADAPTATION A LA RETRAITE |
FACTEURS FAVORABLES |
FACTEURS DEFAVORABLES |
FACTEURS INDIVIDUELS |
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FACTEURS FAMILIAUX |
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FACTEURS SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX |
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FACTEURS LIES AUX CONDITIONS DE DEPART A LA RETRAITE
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Il semble donc qu’à partir du profil identitaire de chacun, on puisse déterminer de façon plus ou moins précise les capacités d’adaptation à la retraite. On peut ainsi prédire que les personnes qui se sont exclusivement consacrées à leur travail auront plus de mal à vivre la transition que celles qui ont eu plusieurs centres d’intérêts et qui se sont construites autant à l’extérieur qu’au travail. Mais il faut reconnaitre que les schémas sont rarement aussi simplistes. En effet, une vie professionnelle épanouie est un indicateur d’une bonne adaptation à la retraite. De plus, les personnes centrées sur leur travail, même si elles peuvent avoir besoin d’une béquille sociale dans les premiers temps (fonction au sein d’une association, par exemple), ont souvent développé une bonne capacité d’adaptation du fait même des changements auxquels elles ont dû faire face au cours de leur carrière (ex : changements de direction, de collègues, de méthodes de travail, de systèmes informatiques, etc.).
Même si la période de transition est difficile, cela ne veut pas dire que la retraite sera mal vécue. L’adaptation peut demander des remaniements importants, des remises en questions, un travail de deuil douloureux mais nécessaire pour repartir sur de nouvelles bases plus adaptées à la nouvelle situation.
Il ne faut donc pas s’inquiéter d’être déstabilisé dans les premiers temps de la retraite car c’est une phase normale et il peut se passer plusieurs mois, voire plusieurs années pour réussir à construire son nouveau projet de vie et à faire de sa retraite une période agréable à vivre.
Néanmoins, la retraite peut aussi donner lieu à une phase dépressive. L’investissement dans le travail a pu avoir pour but de masquer certains problèmes non rrésolus et la perte du travail nous place alors face à ces problèmes, sans aucune échappatoire possible. Dans ce cas, il faut commencer par s’interroger sur la façon dont nous avons surmonté les évènements traumatiques et les épreuves qui n’ont pas manqué de jalonner notre vie. Avons-nous trouvé en nous-mêmes les ressources nécessaires ou avons-nous fait appel à une aide extérieure (famille, amis ou professionnel) ?
Si la perte de repères est trop importante, il ne faut pas hésiter à consulter pour ne pas s’enliser dans une situation qui parait insoluble. Mais qui consulter ? Comment choisir un professionnel parmi tous ces titres qui font un peu peur ?
Il faut d’abord faire la distinction entre les psychiatres, les psychologues, les psychanalystes et les psychothérapeutes.
Les psychiatres sont des médecins, ils ont le droit de prescrire des médicaments et leurs honoraires sont remboursés par la Sécurité sociale.
Les psychologues sont titulaires d’un diplôme universitaire, ils peuvent faire passer des tests, contribuer à des diagnostics, avoir une activité de soutien et de conseil.
Les titres de psychothérapeute et psychanalyste, quant à eux, ne sont soumis à aucun diplôme universitaire, leur formation est assurée par des instituts ou des écoles professionnelles spécifiques.
Concernant les méthodes proposées quelques repères:
La psychothérapie est une technique de traitement des problèmes psychiques par des moyens psychologiques (étude des pensées et émotions d’un être humain).
La psychanalyse se défend souvent d’être une psychothérapie car elle ne vise pas la guérison du symptôme. Grâce à un travail de longue haleine et une technique spécifique, elle propose une exploration de l’inconscient. C’est une « psychologie des profondeurs » qui accorde une place prépondérante au passé.
Issues de la théorie et de la méthode psychanalytique découverte par Freud, les thérapies se fixent un autre objectif : privilégier la guérison du patient, l’accès à une meilleure qualité de vie. Elles mettent l’accent sur le présent et le futur. Elles prennent en compte le passé dans la mesure où ses répercussions négatives handicapent la vie actuelle et risquent d’hypothéquer l’avenir.
Les techniques utilisées peuvent se classer selon leur durée :
Elles peuvent être brèves (de quelques semaines à 2 ans). Elles sont indiquées quand le patient a un problème précis et ponctuel à résoudre.
De durée moyenne (de quelques mois à 2 ans). Elles répondent à une demande de changement de la part de patients qui sont en période de crises aiguës ou qui ont des difficultés relationnelles.
Les thérapies analytiques sont plus longues (3 à 5 ans ou plus). Elles s’adressent à des patients qui vont suffisamment bien dans la vie sociale et qui souhaitent entrer dans un processus de connaissance de soi.
Quelle que soit la méthode choisie, il ne faut pas perdre de vue que l’efficacité d’une thérapie ou d’une analyse dépendra surtout du savoir-faire du praticien et de la qualité de la relation établie.
Enfin, voici quelques conseils si vous vous trouvez devant un proche dépressif. Sachez, tout d’abord que la dépression est une maladie qui majore la culpabilité et dont les symptômes sont la morosité, la lenteur, l’isolement, l’irritation et la fatigue. L’entourage représente un soutien essentiel pour la personne dépressive car il veille à son état général et ressent davantage les changements et les effets des traitements que le déprimé lui-mêmeme. La dépression est un passage long et douloureux mais souvent nécessaire pour se reconstruire. Il faut rappeler sans cesse au dépressif (et à vous-même) qu’il va guérir et il faut essayer de le stimuler, sans le secouer, en vous appuyant sur ce qui lui reste d’élan vital et de désir. Enfin, il est indispensable que le dépressif soit pris en charge par un professionnel car malheureusement, l’amour ou l’amitié ne guérit pas la dépression.
1- INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques.
2 - Robert C. Atchley, professeur de gérontologie américain.
3 - Colette Aguerre est maître de conférences en psychologie clinique et pathologique à l’université François Rabelais de Tours. Léandre Bouffard est chercheur à l’université du Québec.
Tous deux ont rédigé « Le vieillissement réussi » en 2009.
4 - Jocelyne Thériault, docteur en psychologie, professeur au département de sexologie de l’université de Québec à Montréal. Auteur de « Anxiété de mort, psycho sexualité et transition de retraite » en 2002.