
Le but de la retraite va être de construire un nouveau projet de vie. De nombreuses années vous attendent avant le « grand âge » et il va falloir donner un sens à ce temps en trouvant des activités qui vous convienne afin d’avoir une vie satisfaisante. Pour cela, il faut avant tout avoir conscience de ses besoins et trouver le moyen de les satisfaire.
Il est clairement établi que les besoins de reconnaissance sociale et de lien social sont tout aussi importants pour l’être humain que les besoins physiologiques. De même, le besoin de sécurité peut être mis en péril chez certains par le besoin d’estime ou être moins fort que le besoin de créativité pour certaines personnes, même en situation de précarité.
Il existe en psychologie et en sociologie d’autres classifications des besoins mais la pyramide de Maslow étable dans les années 1940 et présentée ici en encadré a l’avantage d’être simple et explicite pour entrer dans le vif du sujet.
Quant à nous, nous n’établirons pas de hiérarchie dans les besoins (la hiérarchie et l’intensité étant propres à chaque individu), mais nous énumérerons les plus essentiels dans la liste ci-dessous (liste non exhaustive n’incluant pas les besoins physiologiques).
- Le besoin d’une vie relationnelle et affective : amitié, convivialité, solidarité... sont d’autant plus importantes qu’à la retraite, les liens habituels disparaissent.
- Le besoin d’appartenance à un groupe : prendre conscience de sa place dans les générations, dans sa propre famille, dans sa communauté...
- Le besoin de donner un sens à sa vie : se sentir utile à ses proches, avoir des responsabilités (politiques, municipales, associatives...), une mission à accomplir (transmission d’un savoir, réalisation d’un idéal...). La transmission est un élément important ; or, pour transmettre quoi que ce soit, il faut être suffisamment sûr de son identité,
- Le besoin de reconnaissance : les nouveaux modèles proposés par la société consommatrice et culpabilisante peuvent être remis en cause, modifiés car les retraités sont nombreux et leur pouvoir non négligeable. Ils vont eux aussi servir de modèle d’identification pour les générations futures.
- Le besoin d’avoir le sentiment de notre valeur : il est né dans le regard de notre mère, construit au fil de nos expériences, conforté par le regard de l’autre. L’aspect physique (soigné, sans laisser-aller...), la qualité des relations (sympathie, respect, ouverture...), la confiance dans nos propres qualités, etc. sont autant d’atouts pour recevoir en retour des marques sincères d’intérêt.
- Le besoin de stimulation : entretenir une activité physique et intellectuelle. Notre ouverture au monde, nos facultés d’adaptation, notre curiosité, notre besoin d’apprendre et notre esprit critique n’ont aucune raison de cesser parce qu’on est retraité. Le temps libre, l’expérience acquise, les changements inévitables, la peur du vieillissement sont autant de facteurs de bonne opportunité.
- Le besoin de sécurité : notre sécurité matérielle est garantie par la pension de retraite, la constitution d’un patrimoine durant la période de plein salaire (maison, économies, placements...), les assurances diverses... Lorsque nous vieillissons, il convient aussi de penser à la sécurité de nos proches et de prévoir des dispositions : donations, succession, obsèques...
- Le besoin d’autonomie : notre entourage familial va changer (maladie, deuil, séparations...) et nous devons pouvoir gérer la vie quotidienne par nous-mêmes. Pensons à nous intéresser aux tâches remplies par les conjoints, les ascendants, les descendants. Pensons aussi à préserver des centres d’intérêt hors du milieu familial. Nous serons ainsi moins démunis affectivement en cas de perte de personnes proches.
- Le besoin d’un cadre pour contenir ses angoisses et la sensation de vide : notre espace spatio-temporel était rythmé par les horaires de travail et le temps libre, le temps d’activité et le temps de repos, le temps à la maison et hors du foyer. Pensons à organiser nos différentes activités dans un cadre qui préserve des repères comme respecter certains horaires, se fixer une date pour la réalisation d’un projet, préserver un temps de repos.
- Le besoin de contrôle : nous avons besoin de nous sentir exister pour le pouvoir que nous avons sur notre vie, l’autorité que nous possédons sur nos proches, de maitriser au mieux les situations pour éviter les échecs. Les enfants ont grandi, l’âge affaiblit nos potentialités, le jeunisme sévit mais nous pouvons encore posséder pouvoir, maitrise, autorité, de façon différente ; dans l’être plus que dans le faire, puisque c’est le privilège de l’âge.
Bien sûr, ces besoins valables pour tous ne sont pas propres aux retraités. Ils sont constants mais fluctuants et en évolution tout au long de la vie. Ils doivent être assouvis car il ne s’agit pas d’un caprice ou d’une simple préférence mais d’une sorte de nécessité qui découle de ce que nous sommes. Si les besoins sont impérieux, en revanche leurs manifestations et les formes de satisfaction changent avec l’expérience.
Toutefois, comme déjà évoqué, pour beaucoup le travail répondait à certains de ces besoins tels que la reconnaissance, l’appartenance, la sécurité ou encore le sentiment de notre valeur. Il faudra alors trouver d’autres moyens de les assouvir au travers d’activités ou de comportements plus adaptés à notre nouvelle situation, plus axés sur l’être que sur le paraître, sur la personne privée que le personnage social.
À la retraite, il faudra veiller également à ne pas ignorer certains besoins car, contrairement au nourrisson, l’adulte peut facilement dissimuler ou ignorer ses besoins. Il est capable d’agir efficacement pour les combler mais il peut aussi choisir de les faire disparaitre de son comportement (les cacher aux autres), de sa conscience (les cacher à soi-même) ou même de tenter de les surmonter en se privant volontairement des satisfactions correspondantes. À cause de ses opinions sur lui-même, sur la maturité et sur les valeurs qui guident sa vie, il en vient souvent à décider d’ignorer certains besoins qu’il juge infantiles ou peu valables, excessifs, inappropriés, inavouables ou illégitimes. La pression sociale sous toutes ses formes vient souvent encourager cette privation volontaire. Assumer l’existence de ce besoin et assumer la recherche de sa satisfaction sans attendre l’aide d’une tierce personne est primordial car c’est uniquement à partir de notre initiative que les évènements satisfaisants auront lieu.
Le danger, au moment de la retraite, c’est, par exemple, de faire disparaitre ses besoins devant ceux de son conjoint ou d’autres personnes de votre entourage. Pour certains, ce sera le moment d’apprendre à dire NON . Non au conjoint qui réclame toujours votre présence même si vos centres d’intérêt sont différents ; non aux enfants qui comptent sur votre totale disponibilité pour garder leurs enfants, etc.
Il ne faut pas perdre de vue que si nous ignorons nos besoins essentiels c’est toujours au détriment de notre vitalité. C’est évident quand il s’agit des besoins physiques mais il en est de même avec les besoin psychiques.
REPERE : petit exercice |
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L’âge subjectif = Feel age + Do age + Age of interest + Look age |
Feel age : « Au fond de moi-même, j’ai l’impression d’avoir ____ ans ». |
Do age « Je fais la plupart des choses comme si j’avais ____ ans ». |
Age of interest « Mes centres d’intérêt sont ceux des gens de ____ ans ». |
Look age « Physiquement, je me donne ____ ans ». |
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Mon âge subjectif =____ |